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la mystique africaine

30 décembre 2023

BONNE ET HEUREUSE ANNÉE 2024




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31 décembre 2022

BONNE ET HEUREUSE ANNÉE 2023




20 septembre 2020

MAWUSE Il s'agit d'un bo (gris-gris) observé chez

MAWUSE

 

Il s'agit d'un bo (gris-gris) observé chez V.D. (Tsévié). Il a la propriété de rendre inoffensif un vodu envoyé par une tiers personne pour nuire ou même tuer le propriétaire  de ce gris-gris.

 

Fabrication

 

La fabrication necessite 18 noix d'Afa, 18 petits cauris, 18 noix de petite cola, 18 petits piments, un amas du nom de tivi, une calebasse en forme de gourde et des morceaux de tissu indigo, rouge, blanc et à fleurs.

Le tout déposé à même le sol, on crache dessus de la petite cola et du poivre de guinée en prononçant le gbesa (incantation ) :

 

" Mawuse, tu peux m'emmener, rien ne m'arrivera. Tu peux m'emmener au marché de Klikö, rien ne m'arrivera. Tu peux m'emmener à Bè..., à Togo..., à Nogokpo, rien ne m'arrivera. "

 

Après avoir pilé l'amas appelé tivi, on l'introduit avec les noix d'Afa, les cauris, les noix de petite cola et les piments, à l'intérieur de la calebasse en forme de gourde. On emballe celle-ci dans un sac de percale blanche. On plante sur le bouchon de la gourde, et de part et d'autre du sommet de la gourde trois petits asë.

A l'aide d'un mélange  de suie et d'oeuf cassé, on fabrique une sorte de figure humaine que l'on met sur la partie supérieure de la gourde. Elle est placée entre les deux petits asë placés de part et d'autre.

De l'autre côté de la figure humaine, on accroche un petit grelot. On ceinture enfin l'objet ainsi préparé de quatre variétés de tissus effranges : indigo, rouge, blanc, et à fleurs.

Pour finaliser, on prie à nouveau en demandant que son acquéreur ne puisse jamais être attaqué par un tro ou un vodu à l'initiative de quelqu'un.

Ensuite, on verse un peu d'alcool et on en crache sous forme de pluie sur le bo ( gris-gris ). Pour qu'il demeure efficace, il suffira d'y verser du sang une fois par an.

 

 

 

11 mai 2015

LE VODOU, ENFIN REVELE ! Les "vodous" et les

 

LE VODOU, ENFIN REVELE !

 

Les "vodous" et les hommes se trouvent liés par une sorte de pacte mystique. L'homme ne doit pas se séparer de son "vodou" protecteur. Il lui faut respecter les interdits, les sacrifices, les rites, ..., dictés par son "vodou" personnel, par l'intermédiaire du devin. Ce pacte consiste en un échange de biens, de prières, de sacrifices, provenant des hommes, contre des grâces, des récompenses, des guérisons et protection provenant de son "vodou". Si l'homme néglige le culte, il reçoit un châtiment quelconque. Si le "vodou" ne manifeste plus sa puissance, les hommes peuvent être amenés à négliger son sanctuaire et à l'oublier totalement. L'entraide mutuelle est une des premières règles respectées et par les hommes et par le "vodou". Le VODOU est une religion évolutive, vivante, une religion dansée, une religion à possession. L'entraide mutuelle entre le "vodou" et l'homme crée un bonheur réciproque. Si l'homme exécute les exigences de son "vodou", il obtiendra ce qu'il demande.

29 avril 2015

LE CULTE MAMI WATTA Ses adeptes s’appellent les

LE CULTE MAMI WATTA

 

 

mami_wata

 

 

Ses adeptes s’appellent les Mamissi.  Ils sont généralement et le plus souvent des femmes mais cela n’exclu pas les hommes. Les Mamissis sont des voyants. Ce sont des gens qui peuvent déterminer ce qui pourra se passer dans l’avenir, les évènements heureux ou malheureux. Le Mami  est une sirène (de la mer). Le mamissi dispose d’une chambre spéciale dans une (sa) maison. Sur une grande table de la chambre se trouve des vingtaines de parfums, de poudres blanches, des jouets, des nounous, des fleurs, bref tout ce qui pourra embellir une table et surtout un miroir qui sert à voir des choses mystiques. On peut également trouver sur cette table un trou rempli d’eau embaumée de parfum et de poudre blanche.


 Le Culte Mami

Les Mamissis ont souvent besoin de parfums, de poudres blanches, d’œufs, et de sucreries (pom-pom ou la Limonade, boisson fabriquée au Togo) pour faire leurs cultes et d'une somme d'argent. C’est le prix à payer pour la voyance simple. Ils demandent parfois des choses plus importantes s’il s’agit de ce qu’ils appellent le lavage de cerveau ou purification, ou encore, la libération des esprits mauvais.    


Voyons à présent comment tout ceci s’effectue 

Premièrement, ils préparent un mélange d’herbes, de parfum et de poudres dans un canari pour laver le concerné. Cette pratique se fait à la maison quand il s’agit d’un lavage simple, ou à la plage s’il s’agit de devenir adepte de Mami. 

Lavage à  la maison

Le Mamissi fait participer certains de ses adeptes aux cérémonies. Lors des cérémonies, ils entonnent des chants et dansent. L'initié attache un petit pagne tout autour des reins, sur lequel sont imprimés de petits  boutons rouges et blancs à base d'argile.  On immole ensuite, un coq ou une poule  dont le sang sera versé sur la tête de la personne concernée. Après, on la lave proprement avant d'entrer dans la cérémonie.  Après, ils l’accompagnent en chantant, dansant hors de la petite cabane où la cérémonie s’était déroulée. C’est alors la fin de l'initiation.

Devenir Adepte de Mami.

Le candidat doit avoir au prime abord du parfum, poudres, biscuits, bonbons,  œufs,  pintades blanches, dindons, colombes ... Le  Mamissi fait appel à ses proches adeptes pour donner plus de tonus à la cérémonie car ils sont tous solidaires.

Tous ces produits sont regroupés en plusieurs tas, destinés aux enfants. Ils utilisent des véhicules pour leur transport. Les départs ont lieu le plus souvent la nuit avant 23h, puisqu’ils doivent être à la plage avant minuit. Pour jeter tout ce qu’ils ont amené dans la mer en offrande à la Sirène. De retour à la maison, au rythme des tam-tams, les enfants accourent pour prendre dans les maisons, les objets qui leurs sont destinés. 

Les Mamissis, lors des cérémonies, sont toujours en pagne blanc, symbole de la propreté, de la pureté dans le système Vaudou.

 

mamissies

 

Mami Watta et l'initiation

 "Jean‑Pierre Collos (doctorant ephe), qui analyse les mutations religieuses dans la région de l’ancienne Côte des Esclaves, a centré son exposé sur l’« alliance religieuse » entre un chef spirituel du culte de Mami Wata et une déité communément appelée Sirène ou Déesse dans l’aire culturelle Adja Tado (sud Bénin et sud Togo). L’« alliance » se manifeste une première fois au cours de l’installation de la chambre de la déesse, à la fin d’un parcours d’initiation qui apparaît comme le premier degré et qui donne le statut d’adepte. Puis elle est réitérée chaque année au cours d’un second cycle rituel qui fait accéder au statut de maître du fétiche. Cette deuxième forme d’alliance s’effectue chaque année en décembre sous la forme d’un voyage chamanique effectué par le chef spirituel qui est censé rejoindre la Sirène dans son domaine : la mer, pendant soixante-douze heures. Elle est génératrice de chance, de bonheur et de prospérité. À la fin du parcours initiatique du premier degré, les adeptes acquièrent un don de guérison et à la fin du second, un pouvoir de voyance. Tout en se rattachant aux caractéristiques communes des différents cultes de Mami Wata, ce culte semble être une idiosyncrasie."

Signification de Mami Watta

 

fullMAMI

 

"Selon le chercheur Goudabla Kligueh, maître Vodu, qui a passé plus de 20 ans à travailler sur le Vodu, Mami watta chez les Adza-Tado, peuples répartis entre le Togo, le Benin et le Ghana, principalement Evé et Fon, vient de « Ma mi ata » signifiant «je ferme la jambe» ou «ma mi wo ata» qui veut dire «je ferme ta jambe» chez les Evé de la Volta Region au Ghana. D’où Mami watta ou Mami Ata. En fait l’adepte de Mami wata, le Mamisi ou son «conjoint», est soumis à un régime sexuel d’interdit quand il doit recevoir la visite de la sirène, qui prend une apparence humaine. Il doit donc «fermer ses jambes», « ma mi ata », sous entendu s’abstenir des plaisirs amoureux sur le plan physique. Il lui revient aussi de «fermer les jambes» de son partenaire terrestre, «ma mi wo ata» signifie «je ferme tes jambes»."

 Selon Goudabla Kligueh, maître Vodu, la relation avec Mami wata est telle que le Mamisi qui ne respecterait pas l’interdit de l’abstinence sexuelle, le jour dédié à la Sirène, encourt le risque d’impuissance sexuelle ou de rapports sexuels perturbés avec son partenaire. On dit alors que Mami wata «ferme les jambes» du partenaire du Mamisi. Une infécondité pourrait en découler.

 

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19 janvier 2014

Marché des fétiches de Lomé

13 août 2011

CHEMINEMENT VERS UNE INITIATION AU N’DÖP

CHEMINEMENT VERS UNE INITIATION AU N’DÖP

 

L'ATTAQUE

C'était un soir de juin 1970 et je rentrais de ST Louis ancienne capitale du Sénégal où j'avais amené ma fille malade. J'étais en voiture, et comme dans un rêve, je vis un homme grand et fort tout de blanc vêtu au beau milieu d'une plage. Cette plage était à LOMPOULE une ville côtière située à 37 km de KEBEMER ma ville. L'homme avait les pieds dans l'eau et la partie inférieure de son boubou blanc était trempée.Il me parlait je l'entendais et il me disait :


- NDEYE, viens me rejoindre, tu es à moi, viens, me disait-il.

Ce fut comme dans un rêve et pourtant BOURI c'est son nom était bien dans ma vision. Je l'entendais et je le voyais. Il insistait, il me menaçait, m'effrayait, j'avais peur, je criais, je ne sentais plus mes jambes, je prie un coup de froid et tout mon corps se mit à tressaillir. Je sentis mon corps se vider d'un de ces organes et pas un des moindres. Je perdis ainsi mon âme, je n'étais plus la même, je ne savais rien de ce qui se passait autour de moi. Je ne voyais que BOURI qui m'attirait et m'effrayait à la fois. BOURI et son boubou blanc, BOURI sur la plage, tout seul sur la plage de LOMPOULE.


La voiture atteignit finalement KEBEMER à la tombée de la nuit et un de mes compagnons de voyage dut m'accompagner à la maison sans que je ne sache ce qui m'était réellement arrivée. Il a expliqué à mon mari ce qui s'était passé et ce dernier le remercia vivement.

 

J'avais un peu de fièvre et mon regard figé vers le plafond de ma chambre inquiétait tout le monde . Mon mari me conseilla de prendre une douche et d'aller dormir en m'assurant que tout irait au mieux qu réveil. Après la douche il me rejoignit au lit et comme à son habitude il voulut me caresser un peu pour me dorloter. Dés qu'il posa la main sur mon corps, BOURI apparut me disant

 

- Tu es ma femme, tu es à moi il ne doit pas te toucher, me disait BOURI.

Je sursautai du lit et SERIGNE, mon mari, n'y comprit rien. Je lui intimai l'ordre de ne pas me toucher, pire, je lui demandai tout simplement de me répudier. Lâches moi, lâches moi, tu n'as pas le droit, je ne suis pas ta femme je ne suis pas à toi. Je continuai à crier et à lui dire de me laisser. Je le frappai, je l'agressai sans vraiment le vouloir. Je n'y comprenais rien, ce n’était pas ma voix qui parlait, ce n’était pas ma main qui frappait. On me donnait des ordres et j'exécutais, BOURI me contrôlait, j'étais sa marionnette.

- Viens rejoindre ton mari me dit-il, viens ou je te tue, vient à la plage, viens avec moi.
Mes cris alertèrent toute la maison, qui se réveilla. Il était trois heures du matin, je sortis de la maison et je me mis à courir dans la nuit noire pour aller rejoindre BOURI, BOURI mon maître, BOURI mon mari.

SERIGNE mon mari me rattrapa dans une brousse située à quelques kilomètres de LOMPOULE, où m'attendait mon autre mari BOURI dans son beau et effrayant boubou blanc. Oui, je suis devenu polyandre malgré moi. SERIGNE était avec ABLAYE un ami de la famille et ce dernier m'aspergea d'eau de mer à la figure. Je repris ainsi mes esprits

- Je suis désolée, disais-je à mon mari, pardonnes moi.

Ce dernier comprit alors que quand je suis possédée, je ne suis plus vraiment moi-même. Il me reconduit à la maison. Ce n'était hélas qu'un répit car BOURI m'apparut le même jour : cris, tressaillements, course poursuite, j'étais tout simplement devenue folle, j'avais perdu mon âme. BOURI me l'avait confisquée. Je me remis à courir toute seule, pieds nus, dans l'espoir de rejoindre BOURI à LOMPOULE. Je courais, je courais, 10, 20 30, 37 km. J'arrivai enfin à la plage de LOMPOULE. J'aperçus BOURI dans l'eau, il se baignait tout seul. Je me dirigeai droit vers lui.

TRAITEMENT

ABLAYE m’amena à l’hôpital et expliqua au médecin psychiatre ce qui m’arrivait. Ce dernier me prescrivit des anabolisants. Je souffrais de troubles psychédéliques d’après son diagnostique. Il me recommanda à un autre spécialiste. Mon état s’enlisait et le traitement des 4 psychiatres que j’ai consultés, était vain. Une vieille dame de mon quartier me fit comprendre, que ma sœur dans sa jeunesse était sujette à des crises similaires, quand elle était sous l’emprise des RAP. Elle me conseilla d’aller voir BOY FALL, un guérisseur qui habite dans un village situé à 40 km de Dakar et, qui avait le don de dompter les RAPS, ces génies qui volent les âmes.

 

Je me rendis ainsi chez BOY FALL, qui après avoir consulté ses génies, confirma l’hypothèse des RAPS.

 

Amènes moi un coq blanc et un coq rouge, me demanda BOURI

.
je m’exécutai et les coqs furent sacrifiés dans le KHAMB. Il y avait dans cette chambre de 16 mètres carrés (le khamb) des objets hétéroclites : canaris, calebasses et mortiers enfoncés à moitié dans le sable. BOY y versa du lait caillé, un peu de mil et le sang des deux poulets. Il me fit prendre aussi un bain avec une eau qu’il avait prise dans un des canaris. Je rentrai tranquillement à KEBEMER. Deux jours de repos et BOURI revint encore plus menaçant, je criais mon corps tressaillait, une force surnaturelle m’habitait et personne ne pouvait me retenir. Mon mari aidé par ses trois amis réussit à me ligoter et me reconduit chez BOY FALL

 

Ce dernier déclara que BOURI n’était pas satisfait du sacrifice.

 

- Que faire demanda mon mari ?

 

Amener une chèvre, un mouton, du mil et de la Kola.

BOY fit un autre sacrifice, offrit à des enfants du NAKA (boule de farine de mil sucré), la kola et les pièces de monnaie. Je pris encore un bain, on m’entoura d’un pagne noir et me glissa un petit canari sept fois dans chaque coté de mon corps.

Je rentrai chez moi avec une sensation d’avoir retrouvé mes esprits. Tout se passa bien pendant une semaine. Un soir, je sentis sur ma peau des lanières de bœuf, on me frappait, je pleurais, criais. On me battait et personne d’autre que moi ne voyait mon bourreau, BOURI mon bourreau. Les coups se multipliaient et tout mon corps, le lendemain, portait des traces du sévisse que j’ai subi la veille. J’avais vu aussi dans un rêve dans la même nuit, que quelqu’un cassait les canaris que BOY FALL avait enterrés pour moi et qui contenaient de l’eau bénite, qui avait servi à mon bain rituel. Je vis aussi dans cette même nuit en rêve, qu’une femme qui habitait à l’Ouest près de la mer, soignait les plaies de mes sévices. Je fus reconduit chez BOY qui finit par admettre son inaptitude à me guérir. Il me demande de  lui raconter mon rêve.

 

Ton rêve est prémonitoire, ton génie BOURI est trop fort pour moi disait-t-il. Vas donc voir MAME FATOU SECK. Elle habite à THIAWLENE, un vieux quartier de RUFISQUE prés de la mer. C'est la seule qui pourra te guérir.


Ce nom de MAME FATOU SECK ne m’était pas inconnu. Je l’avais vu trois fois dans mon rêve. C’est la dame qui, dans mon sommeil perturbé, soignait les plaies du sévisse que j’avais subi. BOY m’indiqua la maison de MAME FATOU, qui habitait à THIAWLENE, un vieux quartier de RUFISQUE une ville située à 27 KM de Dakar.
MAME ADJI, comme l’appellent les familiers, habite une grande concession. Après quelques salamalecs, elle me dit ceci sans que je n'aie point besoin de lui expliquer l'objet de ma visite.


- NDEYE MBOUP, tu es venue en retard. Je t'attends depuis longtemps. Cependant, tout est encore possible. Laisses moi consulter les ancêtres.

La cérémonie du N’DÖP doit durer huit jours et à chaque fois il faut danser, chanter renvoyer BOURI pour qu’il me laisse vivre tranquillement. Le premier jour, on me fit asseoir sur une natte. Je ne portais aucun vêtement. C’est le préliminaire ou la mise à nue. On m’aspergea d’eau et de lait. On fit battre tout doucement le tam-tam sous un air de :

Bismilay Djamé Ma tagou yalla djé
Bismilay Diamé Au nom de Dieu
je lui demande la permission
au nom de Dieu

 

Ainsi mon N’DÖP avait commencé et devrait durer huit jours. La cérémonie se déroule sur la grande place publique. Elle a lieu le matin et l ’après-midi parfois la nuit. Les habitants du quartier arrivent avant tout le monde pour trouver une bonne place. Ensuite, c’est le tour des griots qui doivent battre le tam-tam pour lancer un appel à tout le monde. Un cercle est rapidement formé par le cordon de spectateurs. Les exorcistes arrivent maintenant en file indienne, sous un air de Bissimilay Djamé. Elles ou plutôt nous puisque je fais partie du groupe étions toutes habillées des même tissus. Chacune d’entre nous porte plein de gris-gris autour des reins, des ceintures de perle en bandoulière et certaines ont aussi une queue de vache en main. Nous nous retrouvons au beau milieu du cercle pour élever un tas de sable dans lequel nous plantons quelques cornes de vaches ou de chèvre contenant des gris-gris et recouvertes de peau du même animal ou des "SENGHOR" (gris-gris qui ressemble à une grosse ceinture de cauris) de couleur rouge.

Reugue … dengue… deu et le tam-tam monte en crescendo
La cheftaine de la cérémonie s'avança au milieu du cercle et commença à invoquer les génies. Chacune d’entre nous a son propre RAP ( génie ). Le mien s’appelle BOURI et il habite à NGOR, une île de Dakar. Pour d’autres c’est MAME MASSAMBA NDOYE, pour d’autres encore c’est MAME NDIARRE, de Yoff ou MAME GUESSOU de MBOULE ou encore Ma TOULI. Chaque génie a donc ses chansons qui lui sont propres. La maîtresse de cérémonie peut donc décider d’appeler un RAP ou un autre en entonnant la chanson. Ainsi, dès qu’elle s'est mise à chanter BOURI, je suis hors de moi, je danse, je marche autour du cercle, finalement, je cours. Le tam-tam monte encore plus fort, les applaudissements de la foule aussi. Je danse, je marche, je cours. Finalement, sans trop comprendre pourquoi ni comment je me retrouve au sol, je me retourne autour de moi-même, tout mon corps, bouge, mes jambes, mes mains, ma tête. Je suis en transe et BOURI est là devant moi satisfait de son geste.

Il y a une bassine d’eau dans le cercle, et si les spectateurs n’applaudissaient pas assez, on trempe la queue de vache dans l’eau et leur en asperge une bonne quantité. Mon corps tressaillit ainsi pendant une dizaine de minutes et on m’aspergea d’eau. Subitement, je n’eus envie que d’une chose, une cigarette. Je me levai, je fis les gestes d’un Homme qui fume et aussitôt on m’apporta un paquet de Marlboro. Je me suis mise à fumer, à fumer, combien ? une dizaine, une quinzaine, tout le paquet ? je ne saurais le dire, mais dés la première cigarette, BOURI était apparemment satisfait de moi. Je continuai ainsi à chanter et à danser avec le reste de la troupe. On évoqua d’autres RAP et certains d’entre nous entrèrent en transe. D’aucunes réclamaient comme moi une cigarette pour se remettre de leur transe, d’autres demandaient une bouteille de boisson tandis que d’autres avaient besoin d’enlacer un homme pour sentir la chaleur de leur corps. Pour ces dernières, les griots étaient les cibles préférées et ils se prêtaient bien au jeu.

 

Il arrivait même que certains spectateurs entrèrent en transe pour la première fois. Ainsi, ils devenaient comme moi des êtres possédés pour qui il fallait organiser un N’DÖP. La cérémonie prenait fin vers 19 heures à l’appel du muezzin pour la prière crépusculaire. On rentrait chez MAME ADJI pour nous déshabiller et nous laver. On mangeait ensemble avant d’aller au lit. Certains jours on organisait des séances nocturnes. Il en fut ainsi pendant sept jours et à chaque fois, j’entrais en transe et BOURI me manifestait de plus en plus sa satisfaction.

 

Le 8ième jour appelé aussi journée du sacrifice, nous marchions tous vers NDEPPE avec bœuf et tambours.

 

 

GUÉRISON

Nous arrivâmes, finalement à NDEPPE où comme pour nous accueillir, la mer affichait un calme plat et un petit vent frais caressait la houle.

Le bœuf fut couché vers l’Est et couvert de 14 mètres de tissu blanc comme du kaolin, on me fit traverser 7 fois le bœuf avant de m’asseoir dessus. Je fus recouverte de 7 pagnes autour desquels il y avait une ceinture de gris-gris appelée SENGHOR. MAME ADJI se mit à danser autour du bœuf, avec elle une quarantaine de disciples. Elles dansaient et chantaient le chant de BOURI On prit 3 racines de plantes mystiques, 2 cornes de bœuf qu’on mit dans une bassine. On mis 5 billets de 1 000 F sous la bassine. On égorgea le bœuf et le sang fut recueilli dans la bassine.

Nous rentrâmes par la suite chez MAME ADJI après avoir jeté une partie de la tête et les pieds du bœuf à la mer pour montrer notre soumission à MAME COUMBA LAMB le génie protecteur de la ville de RUFISQUE qui habite à NDEPPE. De retour chez elle, MAME ADJI me fit asseoir sur une natte et se mit derrière moi, deux de ses assistantes se mirent de chaque côté de moi  Passe tes mains sur la natte, m’ordonna- elle. Elle me mit aussi des bracelets entre les orteils. Elle versa du mil dans un LAYOU, (van) et on fit aussi couler du mil sur chaque côté en commençant toujours par la droite. Elle mit de la Kola et des bracelets dans le LAYOU (van) Elle fit avec 7 fois le tour de ma tête, 7 fois sous mes jambes. Trois fois, elle m’appela et je répondis à chaque appel et elle invoquait Dieu avec des paroles qu’elle seule peut comprendre. On mit le mil, la cola et les bracelets dans un pagne.

Elle me fit dire


- Dé na yoo (je suis morte )
- Dé wou Loo yingué (tu n’es pas morte), c’est BOURI qui me répond.

 

On versa une poudre rouge dans la bassine contenant le sang du sacrifice, on me demande de mélanger le tout, et on m’enduit de ce sang. Je fut conduite dans les KHAMB (chambre mystique) et on me baigna avec le sang de la bassine. Ce bœuf est ensuite dépecé, une partie de ses oreilles, de sa langue, et de ses yeux est séchée au soleil. On fit sept nœuds avec l’intestin du bœuf. Avec ces nœuds, on me fit  des bracelet sur chaque bras et on me posa le gros intestin sur la tête. On prit un morceau de chaque partie du bœuf, le tout fut mis dans une bassine qui contenait déjà du NAKA (boule de farine sucrée).

La bassine est alors versée dans la mer par une assistante de MAME ADJI qui revint avec de l’eau de 7 vagues différentes. Après, on prit 7 kg de mil, 7 colas rouges, 7 autres blanches. On nettoya maintenant les cornes qui étaient plongées dans le sang du bœuf. On mit dans une calebasse les 7 kg de mil, des bracelets d’argent, un collier de perle (semé) et 1 000 F CFA. La moitié de la tête du bœuf fut installée dans un coin du KHAMB, on posa un canari dessus et on mit des NAKA autour

MAME ADJI dit alors à BOURI :

- Reste ici et laisse NDEYE tranquille, elle s’installe.

La nuit, tu dormira en paix. Le lendemain, je donnerai aux mendiants le mil attaché à mon oreiller. Tu te laveras avec l’eau de mer des 7 vagues. On reprit aussi les parties du bœuf séchées au soleil et on me fit un gris-gris avec.

A 17 heures, nous nous séparâmes et je fus accompagnée par quelques assistantes de MAME ADJI chez moi. J’ai ainsi retrouvé toutes mes facultés, mon âme, mon mari, ma vie. Je n’étais plus NDEYE la femme de BOURI j’étais tout simplement redevenue moi. Et maintenant, je fais partie des assistantes de MAME ADJI.

 

31 juillet 2011

LE NDÖP : UNE DEMARCHE THERAPEUTIQUE AU SENEGAL

LE NDÖP : UNE DEMARCHE THERAPEUTIQUE AU SENEGAL

La célébrité de la cérémonie du ndöp hors du Sénégal doit certainement à l'intérêt qui lui a été porté par ce qu'il est convenu d'appeler aujourd'hui l'École de Fann (Dakar), autour du psychiatre Henri Collomb, dans les années soixante. Médecin-chef du Service neuro-psychiatrique, Collomb a été attentif aux représentations de la maladie et aux procédures thérapeutiques des autochtones. Ceci a généré une grande quantité d'études et une collaboration dans les soins avec les ndöpkat, c'est à dire les officiants du ndöp.

La démarche thérapeutique du ndöp distingue sept phases.

1. La consultation et le diagnostic - Seet - Suur

Le seet (chercher - inspecter ) est un procédé divinatoire pouvant faire appel au rêve et/ou à la médiation d'objets comme des racines ou des cauris afin d'obtenir des informations. Il est intéressant de noter l'asymétrie d'avec les techniques de diagnostic des psychologues ; dans un cas c'est le ndöpkat qui interprète lui-même la configuration d'une situation, par exemple les dispositions de racines flottant dans un récipient, dans l'autre cas c'est au patient que l'on demande d'interpréter quelque chose, par exemple les tâches du Rorschach.- Ce diagnostic peut éventuellement conduire à ne pas reconnaître les agents pathogènes attendus pour le ndöp.


2. Le commencement - Saj

Il a lieu le samedi soir ou le mardi soir. Comme l'explique Vezzoli, il s'agit de préparer la malade après avoir demandé la permission aux plus grands Tuur. Cette phase peut elle-même être décrite en trois moments. Aux quatre points cardinaux, l'officiant crache en le pulvérisant du lait caillé sur la personne. C'est le Buusu. Ensuite les tam-tams reprennent et avec le chant du raay, l'officiant caresse (traduction littérale de raay) le corps vers le bas pour faire descendre le rab. Enfin la danse reprend avec éventuellement le bak du rab, si celui-ci est déjà connu.

Le même auteur décrit ainsi son vécu de ce moment.
"..Peu à peu le bruit s'enfle ; les battements des mains, le mouvement des corps qui se balancent, vaguement éclairés par une lumière vacillante, s'unissent au rythme assourdissant des tam-tams. On se laisse facilement gagner par un état particulier où tout semble lointain, irréel, comme inaccessible et proche à la fois.." .

Les participants se dispersent ensuite dans la nuit et se retrouveront le lendemain pour la phase suivante.

3. Les mesures - Natt. La nomination du rab. Waccé

Le rab est censé quitter toutes les parties du corps qui sont mesurées. Pour Zempléni il s'agit de "prendre les composantes de la personnes, morceler l'unité de celle-ci pour la mettre sous contrôle et la manipuler ensuite." Le nom du rab peut être révélé par la malade elle-même dans un état second à n'importe quel moment de la cérémonie et souvent suite à un rêve, une danse, une transe etc. Vezzoli note que la participation de la malade est ici nécessaire et cela, en opposition d'avec la phase précédente où l'attitude attendue était plutôt celle de la soumission.

4. L'ensevelissement symbolique - Bukuto

La malade s'étend sur l'animal de sacrifice, ligoté et étendu sur le coté droit et tous les deux sont recouverts de pagnes de couleurs. C'est l'inhumation symbolique. Le point essentiel de ce moment est de faire en sorte que le rab descende et soit transféré sur l'animal. La malade bondissant hors des tissus exprime sa renaissance et sa libération. Elle s'engage désormais à suivre le culte.

5. Le sacrifice - Rey

Par le sacrifice, l'animal se charge de la maladie. Il est important que la malade vive, corps contre corps, les derniers soubresauts de l'animal. Ce moment concrétise aussi l'alliance et l'échange avec le rab qui seront matérialisés dans la construction de l'autel.

6. La construction de l'autel domestique - Samp

Elle obéit elle aussi à des règles et des actes précis. Sa raison d'être essentielle est de fixer le rab dans une fondation, où il sera reconnu et accessible aux échanges. On dépose dans des trous (xhamb) des racines, des parties de l'animal du sacrifice, du lait, du sang et sur cette fondation, des récipients représentant différentes parties de la "maison" du rab. pendant ces opérations, d'autres mesures sont faites ainsi que des prières.

7. Les séances publiques de danse et de possession.

Dernière phase de la cérémonie, les danses et possessions publiques manifestent le retour dans la communauté. Il est important de signaler que les aspects "désordonnés" de ces manifestations ne sont qu'apparents. Bien au contraire, la plupart des comportements et des conduites obéissent à des normes nécessitant de longs apprentissages.

Ces phases se déroulent sur plusieurs jours, voire parfois plusieurs mois si l'on y inclut les rencontres initiales et la phase de consultation et de diagnostic.

Cette description n'est pas absolue et des variantes sont observables.

 madele10      ndeup1

7 juillet 2011

LES RITUELS GABONAIS DE L'IBOGA(Bwiti des

LES RITUELS GABONAIS DE L'IBOGA(Bwiti des Mitsogho)

L'iboga 

Au coeur des traditions spirituelles du Gabon se dresse un arbre mystérieux, le tabernanthe iboga, dont la racine contient un cocktail d'alcaloïdes. L'iboga est un arbuste atteignant 1,5 m à 2 m, produisant des fleurs jaunâtres ou rosâtres, qui donnent des fruits à la chair sucrée ne contenant pas d'alcaloïdes psychoactifs. L'écorce des racines de l'iboga est utilisée pour ses propriétés stimulantes à faible dose et pour ses propriétés hallucinogènes à doses plus élevées notamment dans des rituels d'initiation. Pour préparer l'iboga, l'écorce jaunâtre de la racine est râpée et la poudre obtenue peut être mangée directement ou délayée dans de l'eau pour préparer une boisson ou encore sèchée pour être conservée. Cette préparation amère vous entraîne dans un long voyage plein d'hallucinations multisensorielles; destination : votre passé. Elle est souvent mélangée avec d'autres plantes supposées accentuer ses effets. La consommation de l'iboga a lieu dans le cadre de fêtes collectives obéissant à des rituels précis comme les cérémonies plus ou moins secrètes du culte Bwiti au Gabon. L'appartenance à ce culte impose une initiation au cours de laquelle de grandes quantités d'iboga sont consommées dans le but d'entrer en contact avec les esprits des ancêtres.

Le Bwiti

Le Bwiti est un rite initiatique originaire des populations Mitsogho et Gapinzi du gabon central. Le Bwiti est aujourd'hui largement répandu au Gabon, aussi bien parmi les populations du sud du pays que chez les fang du Nord, aussi bien en milieu rural qu'en milieu urbain. A travers les fang, le Bwiti s'est également diffusé en Guinée équatoriale et au sud Cameroun. Le Bwiti original ou Bwiti des Mitsogho apparut chez les Mitsogho lorsqu'ils atteignirent le territoire qui est actuellement le Gabon. Chez les Mitsogho ( et les Bapinzi), le Bwiti est strictement réservé aux hommes. Les initiés sont considérés comme Maîtres et seuls gardiens du mystère de la connaissance visuelle de l'au-delà, qui leur a été donnée par l'iboga, " l'arbre miraculeux ". Cette initiation est indispensable pour la promotion sociale à l'intérieur de la tribu. L'iboga apporte la preuve visuelle, tactile et auditive de l'au-delà. "C'est l'iboga qui conditionne la pluralité des existences". L'iboga supprime la notion de temps.

La branche originelle du rite initiatique parmi les Mitsogho est appelée Bwiti Dissumba. Il s'agit d'un rite de passage pubertaire, strictement masculin. Le Bwiti Dissumba s'appuie sur le culte des ancêtres. le Bwiti Misoko constitue une branche initiatique dérivée et postérieure au Dissumba. Le Bwiti Misoko possède une fonction avant tout thérapeutique (rite d'affliction) : le néophyte choisit de se faire initier en cas d'infortune inexpliquée. Les initiés du Bwiti Misoko sont appelés les nganga-a-Misoko, ou plus simplement nganga. Ils ont une fonction de devins-guérisseurs. Contrairement au Bwiti Dissumba des Mitsogho et des Gapinzi, le Bwiti Misoko accepte souvent (et de plus en plus) les femmes en son sein.   

Initiation à la société secrète Bwiti avec l'iboga

Le rite de passage du Bwiti est centré sur la manducation par le néophyte d'écorces de racines de l'arbuste appelé iboga. Divers alcaloïdes présents dans cette plante (notamment ibogaïne) possèdent des propriétés hallucinogènes. Pendant le rite de passage, l'absorption d'une dose massive d'iboga permet ainsi au néophyte d'obtenir des visions spectaculaires, dont le récit aux initiateurs serviront à valider son initiation.

Pour être admis dans la société Bwiti, les candidats doivent subir une serie d'épreuves ou rites de passage, qui commencent dans un enclos strictement réservé aux initiés. Chaque candidat a une "mère", qui est un vieil initié; c'est un homme qui s'assure que la cérémonie d'initiation est conduite selon les règles. La cérémonie consiste essentiellement dans l'ingestion de raclures de racines d'iboga. Cette "manducation de l'iboga" est supervisée par la "mère", qui vérifie constamment le dosage de la substance suivant les réactions physiologiques du candidat, qui doit prendre une grande quantité d'écorces de racines et de tiges de l'iboga. Cette manducation est précédée d'une abstinence sexuelle et alimentaire durant une journée. Le rite est très strict et chaque manifestation a une grande valeur symbolique.

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Sur un feu, les anciens font griller des graines de courge. Le bruit qu'elles font, lorsqu'elles éclatent, symbolisent le départ de l'esprit, qui est supposé quitter le corps par la fontanelle pour son voyage mystique. Le crâne du candidat est frappé trois fois avec un marteau pour libérer son esprit. La langue du néophyte est piquée avec une aiguille pour lui donner le pouvoir de relater les visions à venir.

Etant donné que la manducation peut durer plusieurs jours, la désincarnation et la réincarnation du néophyte sont symbolisées avant que les visions n'apparaissent.

Le candidat est conduit à la rivière, et une pirogue miniature faite d'une feuille, portant une torche de résine d'okoumé allumée, est posée sur l'eau. Ce rite représente le voyage de l'esprit, et symbolise la désincarnation. Un pieu surmonté d'une structure en bois en forme de losange est planté au milieu du courant : il représente l'organe sexuel femelle, que le candidat doit traverser à l'état foetal, à contre-courant, nageant alors vers le soleil levant, la naissance

Pour la proclamation de cette naissance initiatrice, la tête du néophyte est rasée et saupoudrée d'un bois rouge (padouk) comme il est fait avec les nouveaux-nés. Finalement, dès que l'état physiologique du néophyte après la manducation est jugé satisfaisant, il est conduit dans le temple, où il est placé du côté gauche, qui symbolise la féminité, l'obscurité, la mort. Il reste dans le temple, du côté gauche, absorbant des feuilles d'iboga, jusqu'à ce que la perception normative des visions se produise.

 Pendant la manducation, les effets de l'iboga commencent à se manifester, vingt minutes après la première absorption de l'iboga, par des vomissements violents et répétés. "Le ventre du néophyte (banzi) se vide même du lait de sa mère". Pour aller dans l'au-delà, on doit mourir, le corps reste sur le sol avec les anciens, l'âme s'en va. Les manifestations physiologiques commencent par de la somnolence, suivie d'incoordination motrice, d'une forte agitation, de tremblements, de rires et de pleurs, d'anesthésie partielle avec hypothermie et hyperthermie intermittentes, un halètement qui peut aller jusqu'à la suffocation.

Pour estimer les progrès de l'intoxication et ajuster le dosage, les responsables prennent le pouls, écoutent les battements du coeur, contrôlent la température, simplement en touchant le corps et en évaluant sa sensibilité en le piquant avec une aiguille à différents moments. Selon l'état physiologique, les "mères" augmentent ou diminuent les doses de temps en temps.

Les effets oniriques ne commencent pas à se manifester avant environ une dizaine d'heures, pendant lesquelles les rituels mentionnés précedemment prennent place partiellement en public avec des danses et de la musique. Chez les Mitsogho, les sujets sous l'influence de l'iboga doivent traverser quatre stades pour atteindre un contenu d'images correspondant aux normes requises. Les candidats sont constamment interrogés par les anciens initiés quant au contenu de ce qu'ils perçoivent. Ce sont les aînés qui jugent de la valeur initiatrice de la vision décrite.

La première vision consiste en images vagues , incohérentes, désordonnées, dépourvues de signification religieuse, dont l'authenticité est souvent mise en question par le néophyte.

Le second stade est caractérisé par une série d'apparitions d'espèces d'animaux menaçants, qui quelquefois se séparent et d'autres fois fusionnent de nouveau rapidement.

Dans le troisième stade, la vision onirique progresse clairement vers le stéréotype mythique. Le néophyte devient de plus en plus calme, signe d'une vision plaisante et apaisante, qui dissipe ses doutes quant à l'objectivité et la positivité de l'image perçue.

Le néophyte se sent enveloppé par un souffle, qui le transporte en un clin d'oeil au son de la harpe Ngombi vers un immense village, sans commencement, ni fin. L'art musical symbolise la route de la vie et de la mort.

De l'autre côté, des voix sont entendues : " Qui cherches-tu, étranger ? " et le voyageur répond : " Je cherche le Bwiti ". Les voix prennant soudainement des formes humaines, posent la question de nouveau et répondent alors en choeur : " tu cherches le Bwiti. Le Bwiti, c'est nous tes ancêtres, nous constituons le Bwiti ". La vision tend à devenir de plus en plus normative. Les initiés demandent alors au candidat : " tu es sur la bonne voie, le Bwiti sera bientôt là. Continue; regarde et tu le trouveras. N'abandonne pas les images, reprends les là où tu les as laissés. "

Une voix donne au candidat son nom d'initié. le néophyte est observé constamment par sa "mère", qui régule ses réactions physiologiques pour éviter que de terrifiants fantômes n'interfèrent, car ils pourraient le conduire sur le mauvais chemin, vers la route de la mort.

Le quatrième stade de la vision ( celle à laquelle les ethnologues se réfèrent en tant que visions normatives) est celui marqué par la rencontre avec les plus hautes entités spirituelles.

Après un dialogue avec ses ancêtres, le néophyte trouve soudain " ses jambes immobilisées, devant deux Êtres extraordinaires ", qui lui révèlent qu'il est dans le " Village du Bwiti " (village de la mort). Ils lui demandent pourquoi il est venu ici. Après avoir entendu la réponse du néophyte, les "Êtres Fantastiques" parlent à nouveau. Le premier dit: "mon nom est Nzamba-Kana, le père du genre humain, premier homme sur la terre " et celui qui se tient à sa gauche dit : " mon nom est Disumba, la mère du genre humain (femme de Nzamba-Kana) et la première femme sur la terre ".

Soudain, le " Village de la Mort " est couvert d'étincelles, augmentant d'intensité. Une "boule de feu" prend forme et devient distincte (Kombé, le Soleil). Cette boule de lumière interroge le visiteur sur les raisons de son voyage. "Sais-tu qui je suis. Je suis le Chef du monde, je suis le point essentiel." Celle-ci est ma femme, Ngon (la lune), et eux sont mes enfants (Minanga, les étoiles). Le Bwiti est tout ce que tes propres yeux ont vu.

Après ce dialogue, la lune et le soleil se transforment en une très belle fille et un très beau garçon. Sans aucun avertissement, la lune et le soleil retrouvent leur forme originelle et disparaissent. Le tonnerre (Ngadi) est entendu et le calme revient partout. Les aînés le saluent avec fierté. "Il a vu le Bwiti de ses propres yeux" et ils l'invitent à prendre place sur le cêté droit du Temple, le côté des hommes et de la vie. Le candidat est devenu un initié en découvrant le Bwiti à travers une autre réalité, celle de l'autre vie où on accède à la fois par la mort physique et par la mort initiatrice.


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A travers le rêve éveillé, il entrevoit dans le présent, la passé et le futur son propre être humain, immuable dans son essence spirituelle, vivant sur deux plans d'existence. Cependant, après les rites de passage, le nouveau membre doit être isolé du monde extérieur pendant une période d'une à trois semaines. Pendant ce temps, ses repas sont préparés et servis par une jeune femme, qui a récemment enfanté, parce qu'il est considéré comme un nouveau-né. L'initié a vu, il sait, il croit, mais comme tout Mitsogho, il fera ce voyage que deux fois: pendant l'initiation et le jour de sa mort. Il est hors de question pour lui de prendre de nouveau de l'iboga dans les mêmes conditions. Dorénavant, la plante sacrée sera seulement utilisée avec parcimonie pour " réchauffer le coeur " et pour l'aider " dans les efforts physiques ou les discussions ". 

Dans les trois premiers stades, les visions correspondent à ce que les psychanalystes appellent le monde souterrain de Freud. La quatrième étape est considérée par les ethnologues comme étant celle des visions normatives correspondant à l'image collective et culturelle de la tribu (cf Jung).


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l'Ombudi (ou Ombwiri, chez les Fang) est un ordre initiatique réservé aux femmes qui sont des thérapeutes chez les Mitsogho et les Fang.

Les maîtres initiés du Bwiti ont un antidote, qui leur permet d'interrompre à tout moment le déroulement des visions si, pour une quelconque raison, l'absorption de l'iboga fait craindre pour la vie du néophyte.

19 juin 2011

SORCELLERIE ET PROTECTIONS ANTI-SORCIERES

SORCELLERIE ET PROTECTIONS ANTI-SORCIERES

SORCELLERIE

Les sorciers (adzetö) sont des personnes sur lesquelles se sont portées spontanément ou reportés des esprits appelés adze. Il ne revient nullement au même d'être habité ou parasité par ces esprits et d'avoir acquis un moyen de les dominer à son gré pour en tirer profit. L'âme de celui qui a réussi à s'en servir pour accomplir le mal se voit condamner après sa mort à se transformer en une nouvelle puissance sorcière. Tandis que le religieux traditionnel se place sous la dépendance de divinités, le vrai sorcier se place sous celle d'un principe destructeur.

Chaque individu est côtoyé par le principe de la sorcellerie.  Cependant, la responsabilité lui est laissée d'y céder ou de ne pas y céder. On pourrait croire qu'il le rejette et l'ignore d'autant plus aisément que son âme s'élève vers l'Être et jusque dans l'Être. En réalité, plus sa puissance grandit, plus il est tenté au contraire, par inflation orgueilleuse, d'y céder. Un sujet, désireux d'accéder à la plénitude de l'Être, ne peut manquer de ressentir, tôt ou tard, l'impulsion de s'approprier de surcroît une telle puissance, c'est-à-dire l'apparente surpuissance de tout renverser ou de tout corrompre. Il se voit alors placé devant le choix crucial de suivre cette impulsion ou de se soumettre plutôt à la volonté du sacrificateur suprême, dont le glaive est en mesure de l'en délivrer.

Quand un individu a cédé au mal en le commettant par des moyens magiques ou physiques, son âme à sa mort, se retrouve condamnée à l'errance et à la fièvre inextinguible de détruire. Dans ces conditions, cette âme ne s'emploie qu'à inciter et à aider les vivants à commettre le genre de crimes pour lesquels elle a conservé de l'inclination, et parasite habituellement à cet effet une personne vivante de sa famille. L'ardeur séductrice et dévoratrice demeurant attachée à son corps spirituel est ce que l'on nomme un adze. Si, grâce à la protection de son génie, l'âme de la personne parasitée a su refuser de s'en laisser imprégner et ne peut donc être tenue responsable des crimes éventuellement commis à travers elle indépendamment de sa volonté, elle connaîtra une destinée posthume normale. Si au contraire, elle a accepté de pactiser avec la puissance maléfique afin d'en tirer quelque profit, elle sera qualifiée de sorcière (adzetö, "propriétaire d'adze") en raison du mal auquel elle aura consenti et se verra condamnée à se transformer après sa mort en un nouvel adze, qui ira grossir la confrérie invisible des âmes sorcières dévouées au redoutable principe du mal.

Celui qui commet le mal au moyen de fétiches, ou bien cède à l'inclination que lui communique une âme sorcière et par conséquent est déjà sorcier, ou bien manifeste un penchant spontané pour la sorcellerie qui le conduira à grossir après sa mort la confrérie des âmes sorcières.

Un ancien membre de cette confrérie, dont l'arrière-grand-père paternel, le grand-père paternel, le père étaient aussi des adeptes chevronés, nous narre son initiation :

" Lorsque ma mère était enceinte de moi, elle fut confrontée à une situation difficile. Après les neufs mois habituels, elle ne m'accouchait toujours pas. C'est ainsi qu'elle est allée consulter un marabout. La réponse fut terrible : je devais être accouché après quatorze mois de grossesse, conformément à la volonté de mon arrière-grand-père  qui était déjà mort. C'est ce qui se passa. Après les quatorze mois, ma mère m'accoucha vers 1 heure du matin, sur la tombe de ce dernier. A mon accouchement, j'avais deux dents dans la bouche. Naître sur une tombe, permet selon nos croyances, d'avoir la puissance du défunt. Aussi, d'après mes parents, devais-je hériter de ce grand-père en matière de puissance. A l'âge de cinq ans, je ne marchais pas encore. c'est à six ans que j'ai commencé à marcher. Je fus alors inscrit au CP1 (cours préparatoire première année). Une nuit, mon père m'amena dans la forêt, entailla sa peau et la mienne, recueillit notre sang dans un même verre et nous bûmes les deux sangs mélangés. C'était le pacte du sang.

Quand il devait consulter un client, il attendait que je revienne de l'école avant de commencer le travail. Il a toujours tenu à ce que j'assiste à toutes les séances. C'est ainsi qu'il m'a initié aux différentes pratiques de la sorcellerie. "

En Afrique occidentale, on appelle "sorcier", "celui qui a mangé la viande de la nuit", c'est-à-dire celui qui, à l'occasion de vols aériens nocturnes, s'empare de proies humaines et auxquelles il ôte la vie. La sorcellerie en Afrique admet de nombreuses variantes, mais elle se définit de façon constante par un fantasme d'anthropophagie nocturne et de mort dévorante. Dans le vocabulaire africain francophone, le mot sorcier désigne toujours un individu asocial, mauvais, accusé par les autres de provoquer la mort pour satisfaire ses goûts de chair humaine. La sorcellerie est toujours mauvaise, elle n'a qu'un but, tuer.

Le sorcier agit la nuit en rêve. Son double ou son âme de rêve s'envole dans les airs, se métamorphosant soit en formes humaines ou animales, afin de nuire. C'est le double du sorcier qui invisiblement nuit au double de sa victime. Quand une personne se croit victime d'un sorcier, elle se sent vidée de l'intérieur, car le sorcier aspire l'énergie vitale de cette personne. Le sorcier peut se transformer en animal pour faire peur à sa victime et lui prendre sa force vitale. Il peut aussi durant le jour atteindre un individu par l'intermédiaire de l'ombre que celui-ci projette sur le sol ou par la trace de ses pas, ou simplement par un regard, par un geste qui l'effleure. La victime, dévitalisée, peut mourir au bout de quelque temps. 

Celui qui, une première fois, délibérément ou par surprise, mange "la viande de la nuit", contracte de ce fait une dette. il devra s'emparer d'autres victimes pour en partager la chair avec les autres sorciers devenus ses associés. La dette initiale l'introduit dans un circuit sans fin de dettes analogues. Impossible d'en sortir; celui qui voudrait arrêter les frais deviendrait la victime de ses associés. Le mode d'action de la sorcellerie est invisible. Le seul instrument visible qu'utiliserait parfois le sorcier serait l'aliment. En acceptant de recevoir du sorcier un aliment quelconque, on risque de se faire prendre par lui.                                                                          

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PROTECTIONS CONTRE LES SORCIERS

Le statut de la sorcellerie est si élevé qu'il ne saurait être dominé, mais en aucun cas anéanti, que par de très hautes divinités demeurant en contact avec lui, car étrangement apparentées à lui. Ces divinités sont capables de communiquer aux hommes la force nécessaire pour ne jamais ou pour ne plus lui céder comme pour ne pas être molesté par ses suppôts. Il s'agit de divinités ayant notamment pour fonction de préserver vis-à-vis de lui l'intégrité des puissances divines.

Pour demeurer ce qu'est le principe de la sorcellerie, le monde des sorciers doit lui aussi être maintenu dans ses propres limites. Il a ses propres lois et ses propres interdits: loi de réciprocité obligeant quiconque a participé à un repas analogue en vue duquel, il est amené à tuer à son tour une personne, et loi de solidarité obligeant un sorcier à ne jamais s'attaquer à un confrère, mais au contraire à lui prêter assistance en cas de difficulté. En outre, il ne saurait échapper aux règles communes de propagation des forces spirituelles.

A défaut d'adhérer soi-même à une confrérie de sorciers ou d'être mis en état de négocier activement, en position de force avec ces derniers, il est possible de se laisser marquer de manière incomplète ou atténuée par la sorcellerie pour devenir vacciné contre les maux dont elle est cause. Ou bien on se teinte de l'essence même de la sorcellerie (évoquée par des paroles adéquates), mais en évitant de se donner les moyens d'être sorcier, c'est-à-dire en se privant du type d'énergie nécessaire à la réalisation des actes de sorcellerie. Ou bien on s'imprègne plutôt (ou l'on imprègne son habitation) d'une telle énergie, mais en prenant soin  de la mettre en rapport avec une essence autre que celle de la sorcellerie. Dans le premier cas, on devient protégé comme un sorcier, mais sans être sorcier soi-même, par la loi qui retient un sorcier de s'attaquer à son semblable sous peine d'être aussitôt sanctionné par ses camarades pour avoir violé un de leurs interdits. Dans le second cas, une attaque sorcière ne peut réussir en vertu d'une impossibilité pour l'énergie qu'il lui faut mobiliser de se propager dans un espace déjà saturé par une  énergie identique; toute sa force fait finalement retour à l'agresseur et celui-ci se retrouve bousculé et rendu malade à la place de la personne qu'il désirait frapper.

Parmi les protections anti-sorcières, on distingue les adze-vodou, les bo et bo-vodou anti-sorciers, et pour finir les vodou anti-sorciers.

LES ADZE-VODOU

Les adze-vodou sont des vodou d'un genre très particulier qui, au lieu de mettre en rapport avec les puissances divines, mettent en rapport avec des puissances qui leur sont adverses. Les plus complets et les plus redoutables d'entre eux permettent de toucher les puissances, appelées adze, par lesquelles les sorciers (adzetö) se trouvent emportés, quand ils vont commettre leurs méfaits. Alors qu'un sorcier est en quelque sorte aliéné par la puissance du mal ayant investi son corps indépendamment de sa volonté, l'acheteur d'un de ces vodou garde la maîtrise sur celles qu'il fréquente et les tient normalement fixées hors de lui sur l'objet sacré correspondant, pour ne les employer qu'à sa propre initiative. Il ne dépend que de lui d'en profiter exclusivement (comme de tout fétiche) pour de justes causes (fréquenter à égalité les sorciers pour les prier de laisser une personne tranquille) ou du moins des causes acceptables (s'enrichir, être brillant, acquérir des connaissances magiques),  en continuant à requérir à cet effet la protection de son génie et de ses ancêtres, ou au contraire de céder à leurs incitations en se livrant grâce à elles, de la même manière que les autres sorciers, à des abominations réelles ou imaginaires, corruptrices de l'âme, qui lui vaudront après sa mort d'être à son tour transformé en adzé. Beaucoup en arrivent, de ce fait, à ne plus servir que de protection anti-sorcière, notamment conférée par des onctions d'huile de palme. En fait, ils ne se réfèrent plus alors, pour l'essentiel, qu'à la puissance qui empêche un sorcier de nuire à son semblable.

AKPATSU

Le AKPATSU est un adzé-vodou, capable de tuer. La seule présence d'Akpatsu empêche un sorcier ou tout autre individu ou esprit mal intentionné de pénétrer dans la cour. Si quelqu'un est attaqué par les sorciers, il est possible de le débarrasser de ceux-ci en lui donnant à avaler et en lui passant sur le corps l'huile de palme de sa partie protectrice. Auparavant, on invoque le vodou en prononçant le gbesa (incantation) adéquat, puis on le prie de convaincre les sorciers de laisser le malade tranquille. En principe, les sorciers ne refusent rien à Akpatsu, car il est très habile et les plus petits d'entre eux le craignent. Ceux qui s'opposeraient à lui seraient attaqués et écrasés par lui. Cependant, il est plus prudent de le consulter, en jetant au sol des cauris, pour savoir s'il accepte de bon coeur d'intervenir ou exige auparavant telle ou telle chose.

Pour se comporter en sorcier, si l'on se découvre un goût pour cela, après avoir invoqué le vodou en prononçant simplement le gbesa (incantation) de sa partie opérationnelle, on se passe un soir sur le corps un peu de l'huile qu'elle contient. Une fois plongé apparemment dans le sommeil, on quitte alors son corps, on circule à travers les airs sous forme de lueur et on traverse au besoin les portes des demeures, soit seulement pour y observer ce qui s'y passe, soit pour y accomplir divers méfaits : tuer ou épuiser la vitalité de quelqu'un, ou lui dérober en secret ses économies.

Par ailleurs, Akpatsu peut attaquer, et tuer sur commande ou spontanément, ceux qui veulent du mal à son propriétaire. Celui-ci n'est alors jugé ni mauvais, ni sorcier pour autant. On ne voit là que justice.

LES BO-VODOU ANTI-SORCIERS

Un bo-vodou anti-sorcier agit en imprégnant les lieux et les habitants des lieux à protéger d'une énergie spirituelle, en partie identique à celle qui est nécessaire aux sorciers pour y perpétrer leurs crimes. A la différence d'un adze-vodou, il ne met en rapport avec aucune puissance de sorcellerie ou apparentée à la sorcellerie. Il renvoie au contraire à une puissance dérivée de quelque éminente divinité capable de dominer et de refouler la sorcellerie. 

 TSEDO

Le TSEDO est un bo-vodou anti-sorcierqui ne joue qu'un rôle défensif. Il ne permet pas de "saisir" les sorciers, de les obliger notamment à confesser leurs méfaits pour en purifier le village. Si l'un d'eux s'introduit dans la cour de son détenteur pour y causer du dégât ou vient le provoquer en perturbant ses cérémonies annuelles de féticheur, il risque alors de tomber malade, ne faisant que succomber ainsi au choc en retour du mauvais coup, qu'il souhaite porter.

Pour traiter un membre de sa famille ou n'importe quel client malmené par des sorciers, il commence par l'invoquer en crachant dessus du poivre de guinée et de la petite cola. Le malade formule alors une promesse qu'il devra exécuter après avoir obtenu satisfaction. Il extrait ensuite une aiguille de la poudre de kaolin où il y en a beaucoup d'enfouies, lui pique le corps en divers endroits : autour du cou, de la ceinture et des avant-bras, et saupoudre ces piqûres, qui saignent légèrement, avec de l'eti blanc. Il lui incise enfin légèrement la peau avec un couteau au niveau de toutes les articulations, et saupoudre ces incisions avec de l'eti noir. 

LES BO ANTI-SORCIERS

Les bo anti-sorciers prennent appui sur des énergies analogues à celles des adze-vodou protecteurs. Leurs effets sont cependant immédiats et beaucoup plus spécialisés, car ils ne remontent pas aux sources des effluves anti-sorcières, mais à des réserves de forces correspondantes prêtes à être déclenchées. Les uns se bornent à empêcher les sorciers d'approcher, d'autres par contre les rendent malades ou les tuent quand ils se présentent.. Certains ont pour spécialité de les empêcher de faire disparaître l'argent d'un commerçant.

AGUKLIYO

L'AGUKLIYO est un bo anti-sorcier qui permet de guérir un malade attaqué par les sorciers. Ayant arrosé l'etigui d'alcool et craché dessus de l'alcool en prononçant son gbesa, on saupoudre d'eti des incisions pratiquées sur le crâne du malade et au niveau de toutes ses articulations, puis on lui en fait avaler un peu, mélangé à un verre d'alcool.

Il protège aussi la cour de son propriétaire contre toute incursion de sorciers malintentionnés. Si une chouette (adzexe), véhicule d'un adze, vient voler ou se percher au-dessus de la cour, il suffit de prononcer son gbesa pour la faire tomber à terre. Le sorcier qui lui était associé est ensuite retrouvé mort dans son lit. Si un sorcier se présente en chair et en os dans la cour, il est soudainement rendu gravement malade et s'effondre au sol. Au cas où sa famille vient implorer pardon pour lui, le botö peut le ranimer ou le guérir en utilisant l'éti. A l'issue de cette guérison, il reste habité par son adze, mais celui-ci est si atténué qu'il ne peut plus l'employer pour mal agir.

GLIDO 

C'est un bo anti-sorcier. Il luiest associé de l'huile de  palme et de la poudre eti. Si quelqu'un est dérangé par les sorciers, on lui saupoudre d'eti les incisions pratiquées sur sa peau, et on lui en fait absorber un peu, mélangé à de l'alcool, puis on lui passe de l'huile efficace sur le corps.

LES VODOU ANTI-SORCIERS

 Les vodou anti-sorciers se proposent, non seulement de protéger les individus contre des attaques de sorciers, mais encore de purifier activement la société toute entière de leurs détestables activités, qui en arrivent à être dénoncées comme anti-progressistes, responsables du malheur des noirs.

Il arrive que des actes de sorcellerie soient publiquement dénoncés par les femmes, qui entrent régulièrement en transe lors des cérémonies de leur culte. Habituellement le vodou "saisit" un présumé sorcier en le possédant sauvagement ou en le rendant malade, et l'oblige ainsi à venir lui demander pardon, à se confesser devant lui et à se laisser purifier par communication de sa vertu, avec l'aide des plantes qui le caractérisent. Aussitôt traité de la sorte, le malheureux devient théoriquement incapable de profiter de l'adze pour nuire, adze qui lui demeure associé.

 

 Témoignages au siège de la Fraternité Ogboni d’Irédé (Akpakpa-Cotonou)

 

Plusieurs témoignages aussi troublants les uns que les autres. Au siège de la Fraternité Ogboni d'Irédé à Akpakpa-Cotonou, les adeptes et autres curieux venus nombreux pour la circonstances n'ont pas vu le temps passer devant les témoignages des sorciers désenvoûtés par sa majesté Kabiessi Oba Oluwo Agbayé , Chef suprême des Ogboni du Bénin.

 

C'est après un accident de circulation que le père découvre que la cause de son malheur était son propre enfant. Ce dernier l'a avoué le samedi dernier devant '' Owo Lobè'' et les adeptes Ogboni du Bénin." C'est à' AVADJI, (lieu des réunions sécrètes [NDRL]) , situé quelques part à Affanmè dans la vallée de l'Ouémé que tout se déroule...C'est moi, qui ai causé l'accident de mon papa...j'étais en mission commandée par ma confrérie que dirige Maman Sylvain.''.

Enfant d'environ dix ans, il est passé mettre dans l'art de provoquer d'atroces maux de ventre. '' Quand on me provoque, j'envoie en retour à ma victime des maux de ventre...Là-bas, dans le monde des sorciers, il n'y a que le mal, il n'y a pas le bien'', a-t-il ajouté.

Le père abasourdi par les témoignages de son propre fils n'avait les yeux que pour pleurer.

L'autre témoignage fut celle des quatre sœurs Nelly, Tété, Anou et Oké. Elles ont confirmé qu’elles se retrouvent au même endroit la nuit. L'émotion est surtout venue de la petite Anou, à peine deux ans. '' C'est Oké qui me prend chaque fois sous ses ailes pour m'amener là-bas ! ‘‘, Indique-t-elle d'un air accusateur devant sa mère à qui elle semblait se plaindre. Oké n'a pu démentir les propos de sa petite sœur, elle a été invitée par Owo Lobè à expliquer à l'assemblée leur mode de vie nocturne.

'' Il suffit que je m'adosse au mûr, pour laisser mon corps et rejoindre le groupe. Nous buvons le sang humain. Nous avons trois vielles dames qui se charge d'appeler les âmes de nos victimes pour les exécuter'', confie Oké.

 

Mais le plus terrible parmi tous ces sorciers désenvoûtés ce jour, est un élève de CE1. Dans son monde, il dirige une légion de plus de 100 sorciers. Il avoue que leur réunion nocturne se déroule dans un arbre au quartier Okéhola1 dans la commune de Pobè. '' Ma mère est aussi dedans. C'est même elle, la gardienne du temple. Je retrouve également mon père déjà mort, là-bas! C'est moi leur chef. Je me transforme en hibou pour voyager.''

 

Selon lui, c'est sa confrérie qui serait à la base de la mévente des commerçants et commerçantes du marché de Pobè. '' Nous n'aimons pas que les humains gagnent de l'argent pour être heureux... Tout l'argent que les commerçants gagnent au marché retourne dans un arbre non loin du marché... Mais ne vous trompez guère, personne ne peut couper aussi facilement cet arbre...''

 

L'enfant ira plus loin encore dans ses témoignages. Il annonce que les bases mystiques d'une crise politico-sociale sont déjà posées au Bénin et que sa majesté Kabiessi Oba Olouwo Agbayé, chef suprême des Ogboni du Bénin est le seul à pouvoir décanter la situation. Mais bien avant, l'enfant énonce un vœux devant toute l'assemblée : celui d'avoir une séance à trois entre lui, Owo Lobè et le président de la République, Yayi Boni. Il pense pouvoir lui dire un secret. Surtout quand il énonce un pan de son idée à l’assemblée. '' Le pays est déjà couvert d'un grand filet...C'est la cause de la mésentente actuelle entre les hommes politiques et il faut agir très vite si l'on doit éviter le pire..", confie tout sereinement l'enfant.

 

Ces poignants témoignages ont laissé sur leur faim les adeptes qui ont encore manifesté la nécessité non seulement d'un exorcisme national du pays par Owo Lobè mais aussi et surtout une lutte sans merci contre les sorciers au Bénin.

 

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